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7 variations autour du trio à cordes de SÁNDOR VERESS

mises en perspective du nucleus dodécaphonique du TRIO PER ARCHI de SÁNDOR VERESS à travers le prisme des MATL

analyse de 7 morceaux composés pour le projet ‘VERESS VARIATIONS’, pour l’ ensemble OCTURN ( en version 8et : piano/claviers/batterie/clarinette basse / saxophone baryton / violon / violon alto / violoncelle ),  7 variations librement inspirées du trio per archi ( 1954 ) du compositeur hongrois SANDOR VERESS (1907-1992 ), élève de BARTÓK et de KODÁLY, il fut aussi le professeur de KURTÁG et de LIGETI/ son trio à cordes est un diamant brut où le folklore hongrois se promène joyeusement dans la cour de la seconde école de Vienne : traitements de la série initiale ( permutations / matrix ), reconfigurations et réagencements de cellules mélodiques et rythmiques, emprunts, dilatations et traitements diffus de marches harmoniques, réharmonisations, traductions modales et chiffrages orientés ( MATL ), transpositions, miroirs, décalages, agrandissements, réductions, zoom, emprunts, champ/contrechamp, etc…mais surtout dans une approche ‘impressionniste’: inspiration libre, intuition, et lâchers-prise / ici, l’utilisation du langage modal MATL se fond dans la masse, c’est un parmi les nombreux ingrédients mis en jeu

VERESS / variation 1, variation 2 et variation 3

ce chapitre analyse les grilles de lectures modales des 3 premières variations et propose quelques pistes de travail

matériau de départ : les premières mesures du trio à cordes, le chant contemplatif et la souplesse magnifique des mouvements de voix entrelacées

prenons les 5 premières mesures : chaque mesure contient les 12 notes, distribuées en 4 triades

trio per archi 5 premières mesures (piano midi)

pour chaque mesure, on forme 2 hexachords ( compris ici comme un ensemble de 6 notes qui ne doivent pas spécialement être conjointes ) en superposant les triades deux à deux

 

3 options de couplage possible :

option 1

utilisée dans ‘variation 1’ (1) et ‘variation 2’ (1)

triade 1 + triade 4

triade 2 + triade 3

triade 3 + triade 2

triade 4 + triade 1

exemple pour la première série :

option 2

cette option est utilisée dans ‘variation 3’ (1)

triade 1 + triade 2

triade 2 + triade 1

triade 3 + triade 4

triade 4 + triade 3

exemple pour la première série :

option 3

cette option est utilisée dans ‘variation 3’ (2)    

triade 1 + triade 3

triade 2 + triade 4

triade 3 + triade 1

triade 4 + triade 2

exemple pour la première série :

les triades superposées floutent la linéarité du mouvement de base, malgré l’effet d’écho dû à la répétition systématique des couples d’hexachords / ces 3 configurations abstraites serviront de référence pour les différentes organisations et explorations mélodiques / on notera que pour chaque option les triades inférieures restent identiques, c’est le nucleus du trio à cordes, le socle de référence / seuls les voicings des triades supérieures sont parfois agencés différemment ( drops ) /

Pour improviser sur une cellule aussi logique que composite, dépendamment du contexte, on peut se fier à l’oreille et à l’intuition, mais une approche plus rationnelle est possible, c’est elle qu’on va développer ici : une analyse systématique du matériel fixe permet de générer une série d’organisations harmoniques qui seront le vecteur d’explorations mélodiques et un tremplin vers des configurations inédites / l’analyse verticale  génère différentes propositions de ‘chiffrages’ des subsets dont l’exploration intervallique va générer des contours mélodiques ( le plus souvent ) inattendus et surprenants : exploration des chemins de traverse

pour les triades on retient 2 options de chiffrages: une version ‘tonale’ subjective mais relativement proche du texte, et un chiffrage modal, en ne retenant parmi les multiples chiffrages possibles que les M2 ( avec note ajoutée ) / ces chiffrages restent identiques dans les 3 parties, ce sont les couleurs communes

les tableaux listent les chiffrages possibles des hexachords : la deuxième colonne liste les modes qui contiennent les 6 notes de l’hexachord, les colonnes suivantes listent les modes qui nécessitent une note ajoutée pour contenir l’ensemble de l’hexachord ( la note ajoutée se retrouve dans l’hexachord )/ on limite les résultats aux modes 2,3,4 et 6

option 1 : ‘variation 1’ (1) + ‘variation 2’ (1)

en gras : lecture modale retenue pour ‘variation 1’ (1)  / M6 et M4

les plages modales proposent toutes une même configuration : M6-M4 M4-M6 / on notera la même plage modale sur les mesures 3+4 et 5+6 / seuls les hexachords 13 et 16 sont chiffrés sans note ajoutée = CM6 /

en italique :  lecture modale retenue pour ‘variation 2’ chiffre 1 / M3 et M4

les plages modales proposent toutes une même configuration : M4-M3 M3-M4 /seuls les hexachords 14 et 15 sont chiffrés sans note ajoutée = C#M3 /

option 2 : ‘variation 3’ (1)

en gras : lecture modale retenue pour ‘the sandor verses 3’ chiffre 1 / M3

chaque mesure propose un même hexachord étalé de deux manières différentes / on notera l’alternance DM3+G/ CM3(+…) répétée 4x / seuls les hexachords 11-12 et 15-16 sont chiffrés sans note ajoutée = CM3 / dans ce passage layer 1 et layer 2 proposent une même chronologie, les chiffrages sont donc interchangeables

option 3 : ‘variation 3’ (2)

en italique :  lecture modale retenue pour ‘variation 3’ chiffre 2 / M3 et M4

chaque configuration modale est répétée 2x

VERESS / variation 1 (1)

choral d’accords joué en boucle, open for solos sur layer 1 et/ou layer 2, en fonction de la densité recherchée

VERESS / variation 1 (2)

open fos solos : le continuum, harmonisé par un chromatisme descendant, est la référence principale pour la partie solo, il est joué en boucle, et le solo est coloré par différentes ‘cadences’ de dyades ( numérotées 1 à 8, cluster chromatique de 6 notes en ambitus F-Bb, intervalles m2/M7/m9, M2/m7, m3/M6, jouées comme écrit ou dans un ordre aléatoire )

VERESS / variation 1 (3)

pour terminer le morceau, petites ponctuations mélodiques sur le continuum et thème de fin ( construit sur la série principale du trio à cordes C# D A G# G F Bb Eb B E F# C ), repeat ad lib al niente

VERESS / variation 2 (1)

VERESS / variation 2 (2)

VERESS / variation 3

VERESS / variation 4

layer 1 et layer 2 sont pensés comme deux tapis d’eau, sur lesquels flotte un ‘écho lointain’ ( les cellules mélodiques connectées principalement au layer 1 )

layer 1 :

talea color : une suite de 12 accords ( déconstructions libres des premiers hexachords de VERESS / variation 1 ), s’agence sur les groupements rythmiques du début de la deuxième partie du trio : allegro molto, mesures 4 à 17, 14 mesures divisées et traduites ici en 42 durées

 

17/16 : 4 3 4 3(2+1) 3(2+1)

15/16 : 4 3 2(1+1) 6

10/16 : 5 5

11/16 : 4 4(2+2) 3(2+1)

9/16 : 4 5

10/16 : 3(2+1) 4 3

8/16 : 2 3 3(2+1)

8/16 : 4(3+1) 4

7/16 : 2 5(4+1)

13/16 : 4 3 3 3

11/16 : 2 3(2+1) 3 3

8/16 : 4(3+1) 4

9/16 : 3 3 3

8/16 ( normalement 9/16) : 3(2+1) 3(2+1) 2

 

14 durées sont monnayées, pour une suite de 56 durées ( + 4 : les 4 derniers accords ont une durée libre ) = 60 durées = 60 accords ( 5 x 12 accords )

echo layer 1 = commentaire intuitif et libre comme un long sourire

 

layer 2 :

= même parcours rythmique que layer 1, mais 4 durées de 2 deviennent des durées de 3, pour faire respirer le flux de la musique) (en gras)

 

4 3(2+1) 4(3+1) 3 3

4(1+3) 3 3(1,5+1,5) 6

5 5

4(1+3) 4(1+3) 3(1+2)

4 5(1+4)

3(2+1) 4 3

3(1,5+1,5) 3 3(1,5+1,5)

4 4

2 5(1+4)

4(1+3) 3(1+2) 3 3(1+2)

3(1,5+1,5) 3 3 3(1+2)

4 4(2+2)

3 3 3

3(1+2) 3(1+2) 3(1+2)

 

21 durées sont monnayées, pour une suite de 63 durées , sur lesquelles se déposent 3 cycles de 21 ‘accords’ ( déconstructions libres des premiers hexachords de VERESS / variation 1 )

nb: le découpage de la partition de concert en 4 sections ( ABCD ) délimite les courbes musicales du layer 1 et de son écho mélodique

VERESS / variation 5

choral en 3 parties, construit sur un tableau des permutations symétriques au départ de la série matricielle du trio à cordes : C# D A G# G F Bb Eb B E F# C 

agencements des séries en ‘marches harmoniques’ superposées, les couleurs tonales se répondent et se mélangent ( résultante ‘merge’ ), elles sont pensées comme des passages de vents doux

A (first WIND)

upper layer : permutations 1,2,3 et 7, agencées en couleurs tonales référencées

lower layer : permutations 4,5 et 6, agencées en couleurs tonales référencées

merge additionne les deux layers  / les cordes reprennent le texte de lower layer

mode opératoire identique pour B et C

 

B (second WIND)

upper layer : permutations 8 et 9, agencées en couleurs tonales référencées, et permutations 11 et 12, angencées en deux hexachords distincts jouées 2x ( pédale de F )

lower layer : permutations 10 ( avec 3 répétitions du cluster F# G Ab ) et 13, agencées en couleurs tonales référencées

merge additionne les deux layers  / les cordes font résonner librement certaines couleurs

C (third WIND)

upper layer : permutations 16, 17 et 18, agencées en couleurs tonales référencées

lower layer : permutations 14 ( générant hexachord 1 et hexachord 2 ), 15 ( générant hexachord 3 et hexachord 4 ) et 1 ( prime form ) ( ordre d’appartition des hexachords : h1 h2 h3 h2 h3 h4 )

chaque mouvement a son propre flux, et peut être survolé par des solos libres

la partie ‘merge’ condense upper layer et lower layer

VERESS (variation 6)

ensemble de variations libres et intuitives autour de 2 marches harmoniques du premier mouvement du trio à cordes, chaque section peut être open for solos

A (B) :  une suite de 12 accords  ( chiffre 5 tempo primo : 2 triades et 10 dyades ) / les 6 dernières forment une série )

C : une suite de 15 triades ( du dernier temps de la 6ème mesure du chiffre 24 jusqu’au 2ème temps de la première mesure du chiffre 25 ) /  les triades 6, 7, 8 et 9 forment une série / avec quelques tenues et notes ajoutées à la partie du  violon

sur A, B et C, ces marches harmoniques sont colorées par une guirlande mélodique fluctuante : arpèges en M7/m9 qui rebondissent en 5/8 suivant une formule rythmique qui se répète sur toute la longueur : SSSL-SSSL-LSSS-LSSS ( 1112-1112-2111-2111 )

D : construction progressive de la cadence harmonique principale ( lettre E )

E : open for solos, ostinato autour d’une couleur centrale hybride : Emin maj7b2 / chiffrage composite, mélangeant couleurs tonales et modalités / talea color : 6 accords / 4 durées ( 2 3 4 3 )

VERESS ( variation 7 )

cette variation reprend le squelette rythmique de song 14 : le morceau se veut dense et compact, il puise ses ressources dans une matrice sérielle et un tableau de permutations ( tous deux au départ de la série mélodique principale du trio à cordes )

 -les cellules mélodiques tissent les séries, sans toutefois en respecter l’ordre, et s’inscrivent le plus souvent dans la clave simultanée 5-6-7-5-6-7 et                  7-6-5-7-6-5, en redoublant parfois une note ou deux ( entre parenthèses )

A: Ri11 (+E) Ri5 Ri3 Ri10 Ri2 (+B) Ri9 (+F#, -B)

B: Ri4 Ri6 Ri7 Ri8 Ri1 Ri0

C: R0 R11 R4 R5 R6 R8

D: R3 R10 R2 R9 R7 R1

-la basse compresse les prime forms dans un ambitus E-D#, et les inscrit dans la clave 5-6-7-5-6-7 / 7-6-5-7-6-5, en ‘descente chromatique’ : P6, P5, P4, P3, P2, P1, P0, P11

-les accords avec l’ensemble des 18 permutations symétriques, chaque permutation génère deux voicings à 6 notes / 9 accords par partie, et pour ponctuer la fin de chaque partie, le dernier accord est doublé par son equivalent triton ( transposition quasi systématique du voicing )

A: p1-p3-p2-p4-p5 (1er voicing)

B: p5(2ème voicing)-p7-p6-p8-p9

C: p11(=p2)-p10(=p1)-p12(=p3)-p13(=p4)-p15(=p6, 1er voicing)

D: p15(=p6, 2ème voicing)-p14(=p5), p16(=p7)-p17(=p8)-p18(=p9)

-le chiffrage indique que l’accord est inclus dans les modes / les accords de p5 et p14 sont des subsets de M7, on peut opter pour un chiffrage tonal traditionnel / p9 et p18 forment des clusters chromatiques, pas de chiffrage modal possible

-les cordes déroulent un continuum régulier, qui colore et acidifie les voicings écrits