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MLK

 

en 1968 Berio compose O’KING, courte pièce pour clarinette, violon, violoncelle, piano et voix, en hommage à Martin Luther King, où ‘le texte est constitué simplement par l’énonciation de son nom / les mots et leurs composants sont soumis à une analyse musicale, elle-même partie intégrante de la structure générale de la pièce / la voix énonce les différents éléments phonétiques du nom qui est peu à peu reconstitué, jusqu’à la fin: O Martin Luther King’ / cette composition m’a toujours fasciné : la complexité de la forme, la subtilité des techniques sérielles, les échos et glissements entre les lignes, l’espacement du discours, les textures de résonance, la tension sereine qui monte tranquillement, la douceur du ‘texte’, l’intensité rythmique,…les quatre parties de MLK s’inspirent très librement et très affectueusement de son halo et de son aura.

O’KING est construit autour autour d’une cellule de 7 notes que Berio varie et timbre en faisant circuler leurs résonances :

F A B C# Ab Bb D

les 4 parties de MLK proposent des variations autour de ce nucleus, des mises en mouvement complexes et des harmonisations en M3 ( et M7 ), en ‘accords tournants’ et sur les résultantes des conduites de voix 

les fichiers audio midi servent de clés de lecture, et pour une écoute qui vibre, on se référera en fin d’analyse de MLK(3) à la version live enregistrée par l’ENSEMBLE MUSIQUES NOUVELLES

 

MLK (introduction)

 

après une introduction douce, une lente séquence de 12 accords pour piano et cordes ( séquence harmonique en M3 que l’on retrouvera dans sa forme complète dans la troisième partie ) colore la mélodie de la voix et de la guitare qui étire l’énoncé phonétique des voyelles ( ‘texto’, dans l’ordre original )/ la mélodie est une première variation sur la série principale de 7 notes ( et commence ½ ton plus bas ) / la guitare accompagne la voix, en acidifiant ici et là quelques notes en ½ tons / les couleurs d’accords mettent en jeu les subsets tonaux disjoints du mode 3, analysés en détails dans MLK(3)

les cordes soulignent principalement les intervalles M7 et m9, avec changements de timbres pour chaque accord, d’où les sauts de registre extrêmes / le violon 1 tient le B aigu tout le long, et lui donne vie avec de très légers changements de timbre.